EXTRAIT
(...)
Ninon - (…)
Réunion : pour l'instant chez moi, seule la
réunion hebdomadaire
coopérative est fonctionnelle. Les autres, c'est plus de la
perte de temps (?),
je ne sais pas faire. Avisss à ceux chez qui ça
marche de décortiquer ça pour
nous !
Plan de travail :
pour l'instant les travaux individuels sont encore
« tous en même
temps ». Ceux qui sont autonomes et bosseurs me
soulagent et je peux être
derrière et avec les autres. Mais c'est aussi le nez dans le
guidon. Ce matin,
ça a
dégénéré : pendant
que j'aidais à une correction, deux gamins se sont
balancés une chaise dans la salle d'à
côté, je ne les ai pas vus, c'est la
collègue qui est intervenue. Bon, ils n’ont plus
le droit de travailler
ailleurs que là où je suis... Mais les
boules…
J'avais prévu de faire
des rendez-vous (un groupe à chaque temps de travail
individuel). (…) Je crois
que je n'ai toujours pas réussi à le faire parce
que quelque chose n'est pas
clair pour moi : qui dans quel groupe ? Par classe
(alors pourquoi le
cycle) ? Par niveaux (jamais les mêmes) ?
Par projets (itou) ?
Par table (ben pourquoi pas...) ? En plus, j'ai les gamins qui
râlent, car
on s'était bien calé les travaux individuels,
travail sur fichiers... et qu'on
est tellement submergés de projets qu'ils n'ont plus le
temps de faire... des
fiches ortho ! Des fiches lectures ! Des fiches
Num/Op ! Je
rajoute mes questions aux questions de Cécile ! Et
encore une : quel
temps pour le passage de brevets dans vos classes ?
Matthieu - Sur la question des réunions, je suis
bien content d'entendre d'autres galères !
Chez moi aussi, j'ai peu de rendement
en réunion : je crois que c'est parce que ce n'est
pas clair dans la tête
des gamins : « à quoi
ça sert ? ». Donc, à
renégocier, à
re-présenter…
Question espace, pour moi
les affichages posent problème : où
peut-on mettre les productions de
chacun (y compris les premiers jets) pour qu'on puisse enfin bien les
lire ?
Je repense perplexe à la description de la classe de
Philippe R. où une gamine
commence un schéma (à la peinture !)
pour résoudre un problème de math,
schéma qui est terminé plus tard par une autre
élève... comment en arriver
là ?
Pour les rendez-vous de
groupes, je pense qu'il est intéressant de faire des groupes
de « gros
parleurs » et de « petits
parleurs » : les gros ne gênent
pas les petits. Et il y a des bons et des moins bons dans les deux cas,
d'où
entraide possible. Je tanne la prof d'anglais (trois heures
hebdo !) pour
qu'elle accepte ces groupes, histoire que je puisse faire ces
rendez-vous
pendant ses cours (pardon : ses conférences).
BC - « Mais Msieur, pourquoi vous nous embêtez
à ne pas vouloir nous
embêter ? » :
C'est ce que m'avait dit textuellement un enfant de
neuf ans dans une
classe de la banlieue résidentielle lyonnaise (St-Genis les
Oullières) où j'ai
passé un an, entre le Beaujolais et le Poitou. Bien
sûr que c'est plus simple,
voire plus confortable d'avoir des consignes à
exécuter, donc d'être embêté.
Comme c'est plus simple de faire b a ba.
C'est le
« rendement » des
réunions de Matthieu qui m'intrigue. Qu'entends-tu
par cela ?
Matthieu - Ouiiiiiiiiiii, je saiiiiiiiiiis !
Rendement, rendement ! Je sais
que le mot fait vriller les tympans ! Et pourtant, j'aime bien
me dire
« ils ont bien bossé
aujourd'hui ». Donc il y a une histoire de rendement
derrière tout ça, non ?
Tiens, ce midi, j'ai
demandé à Kenvic s'il avait bien
travaillé ce matin. Je savais ce qu'il allait
me répondre, vu qu'il a passé le plus clair de
son temps à chiper les feuilles,
le matériel des autres et que son plan de travail n'avait
pas avancé d'un iota
depuis hier soir. Alors était-ce la question qui
était stérile (il savait
pertinemment ce que j'en pensais) ou la réponse puisqu'il
m'a fait une réponse
convenue, celle qui va (?) adoucir le maître :
« Euh, ben, non, j'ai
mal travaillé... ».
Rendement, rendement !
Et puis zut ! Moi aussi je suis en plein
apprentissage ! Moi aussi je
me rassure avec des cadres qui me sont imposés,
même s'ils me privent de
liberté. Maso ? Non ! Mais parfois un peu
moins sur la brèche. Alors
on se laisse aller à penser qu'il serait confortable de
boucler la
sempiternelle programmation de cycle, d'oublier les gamins, de se
centrer sur
des contenus à faire rentrer de force dans des petites
têtes... tout ça est
tellement plus facile ! Mine de rien, dans une
école de trente classes à
niveau unique, la pression est forte ! « Les
CE2 ont pas fini l'Antiquité ! »
Rendement, rendement. Je
ne sais plus si je parle du mien, de celui de mes
élèves, ou d'un truc stupide
qui n'a pas sa place. Seulement, c'est difficile de voir des gamins
quitter la
réunion sans avoir parlé, les mêmes qui
me pleuraient dans les braies une
demi-heure plus tôt, parce qu'ils avaient besoin d'aide
absolument, et qui
reviennent me voir une demi-heure après la
réunion, avec les mêmes demandes...
Est-ce un passage obligé ? Ou dois-je, pour
reprendre ton expression
Bernard, les embêter avec des consignes pour qu'ils ne se
sentent plus embêtés ?
Rassurer, épauler, laisser se planter, accompagner,
éviter, faire le sourd,
alléger le boulot du gamin... tout ça en
même temps, il y a de quoi s'y perdre
un peu, non ? Mais c'est aussi ça qu'on aime, pas
vrai ?
(...)
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