Eduquer,
coéduquer, une question de pouvoirs
60
pages, épôt
légal, janvier 2012 Dans cette
conférence, Bernard COLLOT pose à sa
façon ce qui est pour lui une problématique. Et
il la pose en partant des espaces de construction de l’enfant
en adulte et des pouvoirs que les différents acteurs
éducatifs exercent dans ces espaces. Entre l’espace de
la famille et l’espace scolaire, l’auteur a choisi
la crèche parentale qu’il connaît bien
et qui constitue pour lui un lieu où la
coéducation est possible. Pour arriver à la coéducation dans l’école, de nombreuses remises en question devront être faites. - JV |
EXTRAIT
de la conclusion
Les espaces institués, et en particulier
l'école, sont constitués en
systèmes (système éducatif). Il n'est
pas possible de ne pas se poser la
question de la validité de ces systèmes quant
à leur efficience éducative, dans
le sens défini dans cet exposé. Il faut bien
reconnaître, en particulier pour
l'école qui occupe un espace/temps majeur dans la vie de
l'enfant, que le
système et les principes sur lesquels il se fonde, n'est pas
conçu pour être
"éducatif", encore moins coéducatif. Il est tout
à l'honneur des
enseignants de tenter de prendre en compte l'enfant dans sa
globalité et la
continuité de sa construction dans un système qui
n'est surtout pas fait pour
cela. C'est un peu comme si tout le monde s'épuisait dans un
bocal sans voir le
bocal qui enferme. Il faudra bien, et le plus tôt serait le
mieux, remettre en cause et
revoir de fond en comble tout un système éducatif
qui ne cesse de démontrer
qu'il est... anti-éducatif. Il n'empêche que, dans
l'urgence, il est toujours
possible de transformer les microsystèmes
constitués par chacun des espaces
institués dont nous avons parlés. C’est bien la façon de
concevoir l’enfant, son développement et ce qui
contribue à son développement sur tous les plans
(physiologique, psychologique,
cognitif, civique) qui permet de concevoir et de réaliser la
coéducation. Elle
ne va pas de soi. C’est même une aventure. Mais
contrairement à ce
que l’on pourrait croire, une fois instaurée, une
fois mises en place les modalités pour
qu’elle soit effective, elle rend bien plus facile
l’acte d’éduquer dans des
espaces communs, que l’on soit professionnel ou parent. Ne
serait-ce que parce
qu’il y a alors un partage des responsabilités,
une diminution de la pression
sur les professionnels, une acceptation plus grande du partage par les
parents.
Les pouvoirs ne s’opposent plus mais convergent. Et
j’ai envie de conclure avec un beau proverbe : « Il faut
un village pour éduquer un
enfant » auquel je rajouterais, il faut
des enfants pour éduquer un
village. |